lundi 5 septembre 2016

Une autre ETHIOPIE : du DANAKIL au ERTA ALE



Retour d'une expédition unique réalisée fin février 2016.
Au Nord-Est de l'Ethiopie, il existe un site volcanique où se concentrent d'étranges manifestations hydrothermales. Il réunit les conditions les plus extrêmes sur Terre : des températures entre 45 et 60 degrés jour et nuit, durant toute l'année..., une hyper-acidité dans la dépression du Danakil, une salinité et une aridité intenses.
Les photos qui vont suivre seront édifiantes.

La première rencontre : cette immense caravane de dromadaires qui semble arriver de nulle part, à pas lents, cadencés et rythmés comme depuis la nuit des temps.

Nous venons de rentrer sur le territoire des Afars. Ce peuple de pasteurs ascétiques est toujours sur le point de manquer de pâturages pour ses troupeaux.
Leur territoire est extraordinaire !
Dans la grande fracture géologique du Danakil, qui s'étire parallèlement à la Mer Rouge, s'étendent d'immenses plaines de cailloux où la vie se résume à une éternelle errance.
Partout, ce ne sont que champs calcinés, monts râpeux, oueds à moitié comblés d'éboulis, et de lacs saumâtres...                                Mais quels paysages fantastiques 
                                   L'AFAR est voué aux espaces arides et au nomadisme
  • 5h 45 le soleil se lève vite...  tout rond dans le ciel et déjà lourd de chaleur. Notre nuit à la belle étoile dans ce campement spartiate ne fut pas vraiment de tout repos ! La journée sera rude mais exaltante... Nous reprenons notre progression en suivant les caravanes qui vont nous conduire vers la dépression du Dallol.

  • Située à 120 mètres au-dessous du niveau de la mer, cette dépression s'étale sur un ancien fond marin asséché. Une plaine de sel de 70 km de long, de 30 km de large et épaisse, en certains endroits, de plus de 1 000 mètres... Du Sel pour l'éternité

    D'autres taillent à la main les plaques de sel très régulièrement, à l'aide d'un petit outil comportant une lame et un manche en bois très court. Sans aucune protection... ni gant, ni lunettes de soleil, juste des sandales en plastique avec ou sans socquettes !!! Et n'oublions pas la température qui avoisine entre 45 et 50 degrés. Ils travaillent de 6 à 8 heures par jour, tous les jours.
    Mais durant les mois d'été, cette activité est interrompue, il fait plus de 60 degrés !

    Chaque dromadaire pourra porter 4 à 6 plaques de sel de chaque côté pesant environ 10 kg chacune.
    Les charges peuvent avoisiner 80 kg par animal.

    Depuis au moins un millénaire, les Afars viennent découper ce sel à la hachette pour l'emporter vers les marchés de Mekelé à 3 jours de marche mais aussi à Djibouti à 6 jours de marche...


Des travertins colorés d'orange et de jaune se mêlent à ciel ouvert au soufre, au sel, à la potasse


Sol en pleine effervescence !
Une multitude de monticules et de cônes crachotent, dans des gargouillements de marmites, de geysers de vapeurs sulfureuses


Paysage minéral, vénusien où la nature prend le parti de l'art abstrait...
Un paradis pour les yeux, une épreuve pour l'organisme dans cette fournaise soufrée.
Nous quittons cette dépression dans l'espoir de pouvoir mieux respirer un peu plus loin...
Nous retrouvons une altitude "normale" à peine au-dessus du niveau de la mer pour rejoindre à quelques 300 km de là, le célèbre volcan du "Erta Alé", encore en activité et un des terrains d'exploration de notre disparu Haroun Tazieff !! L'émotion est grande à l'idée de vivre ce nouvel exploit.

Nous sommes toujours chez les Afars, et en chemin nous allons pouvoir les approcher d'un peu plus près, voir leur habitat et découvrir quelques beautés.

 
Faites d'arceaux et le plus souvent recouvertes de nattes en fibre de "doun", ces petites huttes sont démontables. Le nomade les emportera dans sa transhumance. Ici, le coin cuisine !!

Après un repas frugal dans le dernier village rencontré... nous voilà lancés sur une piste incroyable 
et au lieu de ressentir un peu de fraîcheur, nous  allons nous retrouver à 50 degrés  avant d'arriver au point de départ de la montée au volcan. C'est un scoop, c'est une première !!!  L'atmosphère est si sèche que c'est finalement "supportable". Mais à long terme nous n'avons pas la même résistance que les afars entrainés depuis la nuit des temps à ces conditions climatiques hors normes !



Arrivés au point de départ, il est 18h. Rapidement nous nous préparons, le matériel voltige d'un peu partout... en fait nous n'avons besoin que du strict minimum (de bonnes chaussures de marche, 2 litres d'eau et quelques barres de céréales). Le volcan culmine à 900 mètres, la marche d'approche sera longue, lente, mais sans difficulté... enfin "une" quand même : celle de monter pendant plus de 4h dans la nuit noire avec juste une petite lampe frontale... c'est faisable, nous l'avons fait !!!
Et c'est parti... il est 18h 30 et il fait 45 degrés ! une douce tiédeur nous accompagnera tout du long !!
Voyez dans le fond, c'est lui le "Erta Alé" ... il n'est pas impressionnant, il est juste loin mais dans la nuit, nous ne réaliserons pas vraiment cette fameuse distance, pourtant elle sera bien là !
Vers 23h, arrivés au sommet... quelque peu épuisés, et affamés malgré les 3 barres de céréales et quelques fruits secs !! Il a fallu attendre ce moment-là pour "enfin" apercevoir cette masse de feu telle un mirage... et je me disais en moi-même : "tous ces efforts pour ne voir que cette luminosité au lointain" ??? Juste à peine déçue.
Après une demie heure de récupération à manger goulûment un bout, nous voilà repartis cette fois-ci au bord du cratère !!!!!
Alors là, ce fut tout autre chose ...
Ce magma en fusion devient réalité ! Stupéfiant, saisissant... une immense sensation poussée à son paroxysme ! C'est comme, tout à coup, se retrouver en lien direct avec les entrailles de la Terre. C'est juste incroyable...
Plus de mots assez forts... on regarde fascinés !!
D'énormes bouffées de chaleur et de gaz nous obligent à quitter les lieux... Nous rebroussons chemin sur un sol de lave fraîchement durcie. On croirait marcher sur du verre...
Etranges sensations encore !!!
Sans plus bouger de là-haut, nous allons passer quelques heures au campement militaire pour dormir "à la dure" avant de repartir sur le coup de 4h du matin.
Au fur et à mesure que nous allons redescendre, le jour va se lever très vite, nous laissant découvrir "enfin" la topographie des lieux... Nouvel émerveillement !



La vie reprend ses droits même dans des lieux aussi lunaires


Le Erta Alé est à nouveau au loin... il nous a régalé de toutes ces émotions diverses et nous laissera un souvenir indélébile !!!
Une très très belle aventure dans ce coin du globe où j'ai longtemps rêvé d'aller... Ce sont des conditions extrêmes qui méritent d'être vécues au moins une fois dans sa vie de globe-trotteuse (!!) car le cadeau est à la dimension de tous ces efforts.
Je suis prête à retourner avec tous ceux qui en rêvent comme j'en ai rêvé !
Je connais le terrain et la faisabilité, avec mon équipe locale nous avons toute la logistique...
il n' y a plus qu'à définir le bon moment !









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